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Le développement des soins palliatifs en France

Le développement des soins palliatifs en France

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé en mars dernier le lancement d’un nouveau plan national de développement des soins palliatifs. Celui-ci est le cinquième depuis la création de la première unité de soins palliatifs à Paris en 1987 qui a servi de socle à l’organisation de l’ensemble des soins palliatifs en France.

Retour sur les différents plans nationaux de soins palliatifs

Après une phase d’expérimentation, deux plans successifs de soins palliatifs voient le jour en 1999 et 2005 sous l’impulsion de Bernard Kouchner. La prise en charge de la douleur et les soins palliatifs deviennent ainsi des priorités de santé publique en écho à la loi du 9 juin 1999 soulignant « le droit de toute personne dont l’état le requiert à pouvoir accéder aux soins palliatifs et à un accompagnement ». Le plan triennal 1999-2001 s’est articulé autour de quatre axes :

  1. Etablir un état des lieux des prises en charge sur tout le territoire.
  2. Réduire les inégalités entre régions : plusieurs départements étaient dépourvus de structures palliatives, ce qui supposait d’impulser une dynamique pour développer cette offre et ainsi réduire les inégalités existantes.
  3. Développer la formation des professionnels et l’information du public.
  4. Développer le soutien aux aidants pour faciliter la prise en charge à domicile[1].

Malgré quelques avancées positives, comme l’accroissement du nombre d’équipes mobiles de soins palliatifs (84 équipes mobiles en 1998 à 265 en 2001), les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances prévues. Ce plan a donc été reconduit pour la période 2002-2005 avec pour objectif de poursuivre les axes du premier plan en mettant l’accent sur le domicile et une meilleure collaboration ville-hôpital. En 2006, le comité national de développement des soins palliatifs et de l’accompagnement a jugé insuffisantes les avancées permises par ces deux plans successifs.

Il semble que ces deux plans aient peiné à insuffler une culture des soins palliatifs et de l’accompagnement et à modifier le rapport de l’homme aux questions liées à la fin de vie et la mort. Face à ce constat, de nouveaux plans ont semblé nécessaires en 2008 et 2015. Leurs objectifs étaient sensiblement les mêmes que les deux précédents. A l’heure du bilan de ces plans, il est à noter un renforcement de l’enseignement et de la recherche sur la fin de vie et undéveloppement de l’offre en soins palliatifs car chaque région est aujourd’hui dotée d’une structure palliative. En effet, le nombre d’USP passe de 90 à 122 entre 2008 et 2012[2]. Cependant, le développement et la formation dans les établissements médico-sociaux laissent à désirer à cause de la difficulté à établir un maillage territorial. Le domicile, quant à lui, « a été le parent pauvre de ce programme. Les réseaux de soins palliatifs, dont on pensait au début du programme qu’ils allaient être un levier essentiel du développement des soins palliatifs à domicile, n’ont pas eu le déploiement annoncé »[3] à cause de la difficulté à gérer la coordination de ce réseau pluri-thématique.

« L’impact concret et spécifique du plan pour les acteurs de terrain et les bénéficiaires apparaît modeste »[4]. Malgré une dépense de 190 millions d’euros entre 2015 et 2018[5], le déficit en personnel formé sur le sujet s’aggrave. De plus, même si le nombre d’USP a crû, il n’existe pas encore une unité de soins palliatifs par département et on compte seulement 2.09 lits pour 100 000 personnes[6]. L’évaluation du quatrième plan national a mis en évidence « l’essoufflement de la dynamique de ces quatre premiers plans et la permanence de nombreuses questions de fonds »[7] liées à l’environnement du système de santé. Le nouveau plan national de développement des soins palliatifs instauré par Olivier Véran vise à augmenter l’offre de soins palliatifs[8]. Pour ce faire, deux projets majeurs seront développés à la demande du ministre de la Santé : la progression de la formation et l’amélioration de la prise en charge en ville et notamment au domicile[9]. Face au bilan des quatre derniers plans nationaux, le développement de l’accompagnement des personnes en fin de vie au domicile pourrait être une solution pour permettre un véritable essor des soins palliatifs en France.


[1] Hoppé, G., 2001. Soins palliatifs : de la priorité à la mise en œuvre. Adsp, (37), p.39.

[2] Ministère chargé de la santé, 2013, Bilan du programme national de développement des soins palliatifs (2008-2012).

[3] Ibid.

[4] IGAS, 2019. Evaluation du plan national 2015-2018 pour le développement des soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie. [ebook] pp.3-5.

[5]  Ministère des Solidarités et de la Santé., 2016. Le plan national « Soins Palliatifs 2015-2018 » – Ministère des Solidarités et de la Santé.  

[6] IGAS, 2019, Bilan du programme national de développement des soins palliatifs.

[7] IGAS, 2019. Evaluation du plan national 2015-2018 pour le développement des soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie. [ebook] pp.3-5.

[8] Les Echos, 2021, Fin de vie : un nouveau plan national de développement des soins palliatifs sera lancé en avril

[9] Buzyn, A., 2020. Nouveau plan d’accompagnement de la fin de vie et des soins palliatifs – Ministère des Solidarités et de la Santé. [online] Ministère des Solidarités et de la Santé.