Rapport à la mort : un témoignage intime sur la vie, la peur et la transmission

29 octobre 2025

Que représente la mort pour vous ? – Entretien avec Paul Alban Peytoureau

Paul Alban Peytoureau, journaliste et porteur du projet Passé par là, parcourt la France à la rencontre de nos aînés.
Depuis des mois, il enregistre la mémoire de celles et ceux nés avant 1936, pour que rien ne se perde de leur regard sur la vie.
Aujourd’hui, il inverse les rôles et répond à son tour à la question qu’il pose souvent :

Que représente la mort pour vous ?

La mort est une évidence pour chacun.

Pourtant, ce qui est magnifique d’une façon, c’est qu’elle restera pour tous et pour toujours une énigme. Et une énigme que nous ne devons pas chercher à résoudre, à élucider, à percer ! La mort ne doit pas être vaincue, ou guérie ! Elle est partie de nous. Nous naissons pour mourir. La mort est chose naturelle. Tout a une fin, absolument tout.

Ainsi, pour moi, la mort est nécessaire. Nous devons disparaître et laisser place.

Comment influence-t-elle votre façon de vivre ?

Je comprends, à 32 ans, que rien n’est plus important que le temps. Le temps. L’importance de bien le placer, de bien le choisir et de savoir l’apprécier. Comme une boussole, l’idée de la mort me guide et me rappelle qu’il convient de s’attarder sur les choses essentielles, sur les choses qui comptent réellement pour soi.

L’important à mon sens, pour cette vie, c’est de retenir. Retenir le souvenir qui s’efface, le regard qui s’oublie, ou bien la voix qui se perd. Conserver une histoire ! Une trajectoire ou une leçon de vie ! Et garder pour la postérité, pour la génération prochaine ! En un mot, transmettre. De telle façon à, d’une génération à l’autre, s’inspirer de la précédente et grandir la suivante.

La mort est une idée qui m’occupe. Si bien que je profite des interviews avec les personnes âgées pour aborder cette thématique et pour leur demander, alors qu’elles touchent la fin de leur vie, comment elles se sentent face au grand départ. Beaucoup sont paisibles du fait de leur foi convaincue. D’autres sont indifférentes. Quelques-unes sont concernées voire inquiètes. Et quand j’apprends un nouveau décès, parmi ces personnes que j’ai rencontrées, alors je me dis : « Maintenant, elle sait, maintenant, elle sait. »

Est-ce quelque chose que vous craignez ?

Je crains énormément la mort. J’y pense chaque jour. Ou du moins, ce n’est pas de mourir qui m’effraie, c’est de ne plus vivre. Le passage de la mort en soi, le corps qui s’éteint, le cœur qui ralentit, n’est pas quelque chose qui m’obsède. Ce qui me hante, c’est de ne plus sentir, ne plus voir, ne plus savoir, ne plus participer ! Certaines nuits, récemment encore, j’ai parfois été saisi d’angoisses atroces à l’idée de ne plus être ! J’ai tant à faire. Tant à donner. Tant à apprendre. Tant à aimer. Il y a tant de choses pour nous sur cette Terre.

Ce que j’espère par-dessus tout, c’est de partir en ayant plus l’envie de vivre. Partir en le souhaitant. Partir résolu. Mais je le doute ! Car en aimant ainsi la vie, j’ignore si je serai un jour capable de l’abandonner de moi-même. Mais peut-être aussi que cet amour pour la vie se réduit à mesure que nous vieillissons ? Combien de personnes âgées n’attendent que de partir ? Lassées, dans un fauteuil de velours, à regarder le vide de la fenêtre ?

En attendant, je me raccroche à des petites choses. Je me dis que ma grand-mère est déjà passée par là. Que si elle a pu le faire, alors je le pourrai aussi. Et que derrière, nous nous reverrons. Ce qui m’apaise souvent, ce sont les étoiles qui marquent dans un ciel de nuit. C’est comme regarder un horizon que l’on n’atteint jamais, en se disant qu’au bout peut-être, autre chose est.

 

Un témoignage recueilli dans le cadre du projet Passé par là, en partenariat avec Voisins & Soins.

Partager

Articles similaires

une relation de confiance s'est installée

« En tant qu’infirmière Voisins & Soins, je ne fais pas de soins « techniques », mais j’ai le luxe d’avoir du TEMPS pour accueillir la personne dans toute sa complexité et son unicité. Au fur et à mesure de mes visites, par une posture qui se veut attentive et complètement disponible, une relation de confiance s’installe avec la personne accompagnée.

Par ma fonction de soignante je fais le lien avec l’infirmière libérale ou le médecin traitant si besoin, et le bénéfice pour la personne accompagnée et ses proches est réel : une prise en soin optimale et un climat souvent plus apaisé s’installe au domicile. Ma vocation d’infirmière fait sens dans la richesse des accompagnements Voisins & Soins et la complémentarité apportée aux soignants de ville.« 

Alice-Marie, infirmière Voisins & Soins