AVC, résilience et accompagnement : le parcours d’une psychologue en soins palliatifs

Psychologue accompagnement fin de vie

Psychologue, mère de cinq enfants, engagée auprès de Voisins & Soins dans l’antenne de Versailles, Caroline de Fougeroux a vu sa vie basculer brutalement en 2017, à la suite d’un AVC. Ce témoignage retrace l’épreuve traversée, la reconstruction patiente, et l’engagement profond qui en a émergé : celui d’accompagner, à son tour, les plus fragiles, jusqu’au bout.

« Le 20 octobre 2017, j’ai été victime d’un AVC massif. Ma plus jeune fille avait tout juste cinq mois. Je me suis réveillée paralysée, incapable de parler ni de bouger. J’étais consciente de tout, enfermée dans mon propre corps. J’ai cru que j’allais mourir. »

Ce que l’épreuve a laissé… et ce que l’amour a permis

« La rééducation a duré cinq mois. J’ai tout réappris : parler, marcher, tenir une cuillère. Chaque progrès, aussi minime soit-il, était une victoire. Le plus dur, pendant cette période, a été d’être séparée de mes enfants, et surtout de mon bébé. J’avais arrêté l’allaitement la veille de l’AVC, et la rupture a été brutale. Je ne la voyais qu’une fois par semaine. Cette distance imposée a été une véritable souffrance.

Mais c’est aussi ce lien coupé brutalement qui m’a donné la force de me battre. Et nous l’avons reconstruit, ce lien, petit à petit. Aujourd’hui, il est incroyablement fort. Cette épreuve, aussi violente soit-elle, nous a rapprochées.

De cette période, je garde des séquelles physiques : une paralysie du bras et de la main droite, une démarche un peu bancale, une fatigue persistante. Mais je suis, à bien des égards, une autre personne. Je suis plus cool, plus posée. Je m’écoute davantage.  J’ai changé de rythme, de regard sur la vie. »

Après l’épreuve, Caroline choisit d’accompagner ceux qui sont au seuil de la vie

« Depuis bientôt deux ans, j’exerce comme psychologue au sein de l’antenne de Versailles de Voisins & Soins. C’est le métier que j’avais choisi en début de carrière, et que j’ai eu à cœur de reprendre après mon AVC, avec, sans doute, un désir d’aider les autres encore plus fort qu’avant.

Je connais la vulnérabilité. Je sais ce que c’est que de devoir tout réinventer. Cette expérience me permet de rejoindre, avec justesse et délicatesse, les personnes que j’accompagne. Dans mon rôle de psychologue, j’essaie d’être un appui, une présence à l’écoute, à la fois pour les équipes (bénévoles et soignants), mais aussi pour les personnes accompagnées et leurs proches. Ce moment de la vie est souvent chargé d’émotions, de tensions, de non-dits. Il y a parfois des choses à dire, à libérer.

Ma propre vulnérabilité me rappelle chaque jour combien une présence humaine peut tout changer. C’est aussi ce qui me touche profondément chez Voisins & Soins : la place donnée aux bénévoles. Leur présence est essentielle. Ils n’ont rien à prouver, aucun rôle à tenir, simplement à être là, avec bienveillance et authenticité. Cette gratuité du lien, ce temps offert sans attendre en retour, a une valeur immense à mes yeux. C’est cette conviction, celle de l’importance du lien simple et désintéressé, qui m’a donné envie d’embarquer d’autres proches dans l’aventure : mon mari et mon père sont aujourd’hui tous les deux bénévoles au sein de l’association. Et j’en suis très heureuse.

Aujourd’hui, je continue à apprendre, à m’adapter. J’ai réappris à conduire, à peindre, à vivre autrement. Ce que j’ai traversé n’a pas défini ma vie, mais il l’a recentrée. Et je crois profondément que ce que j’ai reçu, je peux maintenant le redonner. »

Conclusion

Un grand merci à Caroline de Fougeroux pour la profondeur et la sincérité de son témoignage. Son regard de psychologue, nourri par l’épreuve, nous rappelle combien l’écoute, le lien et la présence peuvent transformer les derniers moments de la vie. Pour prolonger cette lecture, découvrez aussi le témoignage d’Arnaud, psychologue chez Voisins & Soins, qui revient sur la place essentielle de la parole au sein des équipes : Arnaud, psychologue groupe de parole chez Voisins & Soins